Depuis quelques décennies les inégalités homme-femme s’atténuent, pourtant certaines barrières culturelles et historiques perdurent au sein de la sphère entrepreneuriale. En effet, les femmes se heurtent au circuit de financement traditionnel, composé des banques et des investisseurs professionnels, obstacle majeur sur le parcours qui mène à la création d’entreprise.
Cette inégalité persistante face au financement est équivoque. De manière générale, les femmes prennent moins de risques financiers. Elles disposent la plupart du temps d’un apport personnel moindre et cherchent à emprunter des sommes plus modestes. Il s’agit là de critères rédhibitoires qui poussent les banques à écarter certains dossiers et à rediriger les femmes vers les organismes de micro-crédit. Néanmoins le micro-crédit, qui implique le choix d’un garant, élargit nécessairement la prise de risque de l’entourage.
D’autre part, le « plafond de verre » est une notion fortement ancrée dans la culture professionnelle. Fictif, il gênerait les femmes dans le déroulement de leur carrière, empêchant leur ascension professionnelle et leur projet d’entreprise, limitant l’accès aux postes à responsabilités. Ce principe explique le manque de soutien envers l’entrepreneuriat féminin. S’ajoutent à cela des codes managériaux différents qui constituent potentiellement un frein lorsqu’ils sont incompris. La femme entrepreneure est parfois sous-estimée et stigmatisée, perçue comme plus fragile sous la pression et moins pugnace.
En réalité, les femmes sont des actrices puissantes du marché et elles sont de plus en plus nombreuses à tenter l’expérience d’une activité capitalistique par la création d’entreprise. En 2014, 41% des entrepreneurs étaient des femmes. Aux Etats Unis elles ont contribué à 25% de la croissance ces trente dernières années !
La créativité française
Depuis 2008, le financement connaît une importante mutation avec la montée du « crowdfunding » (crowd = foule, funding = financement). Sur la base d’un financement dit participatif, il est une alternative au circuit de financement traditionnel. Le marché se développe ainsi dans de nombreux pays.
En France, en 2014 la tendance s’est confirmée. En matière de don avec contrepartie/récompense, 33,5 millions € ont été levés, avec une collecte moyenne par projet de 3 477€ et une contribution moyenne de 58€ par financeur.
Notre pays se distingue par son leadership en matière de créativité. Inspiré du modèle américain, le modèle français joue sur la tendance du crowdfunding, dans le respect de certaines valeurs. Les nombreuses plateformes sont le reflet d’une grande créativité et mettent en avant la valeur du réseau, via les réseaux sociaux notamment. On constate qu’une bonne partie des projets soutenus ont une dimension culturelle – 73% des projets financés par le don avec récompense en 2014 – et les plateformes dédiées à des thématiques particulières se multiplient. On pense notamment à StartingList, une plateforme rouennaise qui fédère autour de la Love Money, réunissant les porteurs de projet créateurs d’entreprise et ceux qui croient en eux. Sur les quelque 300 plateformes européennes, 90 d’entre elles sont françaises !
La place des femmes dans le système
Au cœur de ce système en plein essor, les femmes se révèlent plus performantes et lèvent plus de fonds que les hommes. Aujourd’hui environ 50% des projets financés par les plateformes sont portés par une femme. Le crowdfunding permet la mixité et l’égalité face au financement en bousculant les codes. Il y a encore 50 ans, une femme ne pouvait pas ouvrir de compte sans un homme qui se porte garant, aujourd’hui elle dispose de plateformes dédiées comme MyAnnona, créée en novembre dernier en France, ou encore Fund Dreamer aux Etats Unis.
Ainsi, le crowdfunding abolit les inégalités au profit de la mixité. Il véhicule des valeurs de partage, de soutien, de confiance et de transparence.
Osez le crowdfunding !
Ces deux principes permettent d’appréhender le crowdfunding comme une véritable opportunité pour les femmes entrepreneures. Alors n’hésitons plus !
Au départ vous avez une idée innovante. Celle-ci doit mûrir ; pour cela il existe des organismes et des réseaux d’accompagnement à la création d’entreprise. Le crowdfunding viendra ensuite mettre en lumière votre projet entrepreneurial. Sachez que les plateformes sélectionnent les projets, d’où l’importance que le vôtre soit bien ficelé.
Vous devez présenter votre projet à la « foule » sur la plateforme que vous avez choisie. Un bon plan de communication sera toujours un atout et vous pourrez vous démarquer avec une présentation bien pensée et travaillée, tant sur le fond que sur la forme. Les financeurs seront sensibles à une présentation esthétique et un contenu efficace. Usez de votre goût, de votre talent pour la décoration ou le graphisme, et mettez à profit votre sens inné de l’organisation. Mais attention, ayez toujours en tête l’idée de cohérence. Une jolie vitrine n’est efficace que si elle est fidèle à ce que l’on a à offrir. Gagnez en confiance, en vous et en votre projet. Faites jouer votre réseau, il est votre plus grande richesse.
Texte & illustration : Katia Testemale / agence CAP!